lundi 17 juin 2013

Compte rendu BRM 400 chez les Bataves par Miguel


Dans le cadre de mon entrainement pour Londres Edimbourg Londres, j'ai participé au BRM 400 organisé par Maastricht. Comme la fin passait par le Condroz, je m'étais arrangé avec Ivo, l'organisateur, pour prendre le parcours en route.

Les inscriptions à Maastricht auront lieu de 20 h à 21 h, je compte y arriver assez tôt pour manger un peu et m'équiper pour la nuit avant le départ groupé. C'est l'occasion de tester le matériel en vue de LEL : 2 nouvelles lampes avant et une arrière alimentées par les courants de Foucault (donc aucun frottement et autonomie assurée), batterie externe solaire rechargeable pour le gps et sac à dos avec vêtements chauds et nourriture pour 400 km. Ma femme est étonnée du poids mais je la rassure : à LEL il y aura de quoi manger aux contrôles et nous pouvons faire déposer 2 sacs sur le trajet.

Je démarre à vélo de la maison samedi à 16 h 15 (19°) direction Durbuy et la vallée de l'Ourthe mais à Chênée, j'ai quelques problèmes pour trouver le parcours : travaux, ravel (avec indications très succinctes), pistes cyclables, sens interdits exceptés cyclistes, tout ce que je déteste. Je m'arrête quelques fois demander mon chemin, fais plusieurs demi-tours avant de retomber sur des routes dignes de ce nom à Fléron. Le compteur indique alors une dizaine de km de plus que prévu, et je commence à craindre de ne pouvoir joindre le départ à temps, sans savoir si le chemin à Maastricht n'est pas aussi compliqué que pour éviter Liège. Les kilomètres défilent à bon train (malgré les petites routes en béton et chemin de halage) mais toujours pas de frontière, et les panneaux sont toujours en français. Enfin cela change : apparition du néerlandais, frontière et entrée simultanée dans Maastricht, le lieu de départ est tout proche, il suffit d'aller tout droit. Je descends du vélo, il est 20 h 30, 115 km à du 27,5 de moyenne, j'aurai le temps de manger, remplir un bidon, m'habiller pour la nuit et mettre les lampes, mais j'ai eu chaud. Je me présente à la table d'inscription et Ivo est content de voir que je suis là à temps. Il me demande mes impressions sur la fin du parcours, explique à quelques cyclistes proches que je viens de chez moi à vélo et je sors équiper la monture dans une drôle d'ambiance.



Nous sommes une grosse vingtaine, il y a 3 vélos couchés dont un sans pédales, style rameur. Un ou deux sacs à dos, sacoches (parfois petites) pour les autres.  Brèves recommandations d'Ivo avant le départ, en néerlandais et allemand, car pas de francophone, et à 21 h tapantes le groupe s'élance.  Je me mets en dernière position pour suivre les "indigènes" sans avoir les yeux rivés sur le gps.  Pas toujours simple, d'autant que les automobilistes ne supportent pas que l'on roule sur la chaussée, il faut prendre les pistes cyclables, même si elles ne sont pas terribles ou ne durent que 100 m !!!  A la sortie de la ville, il y a déjà 2 groupes, petite chasse pour revenir en tête et la drôle d'ambiance est confirmée : personne ne m'adresse la parole mais surtout personne n'attend personne : que ce soit pour un bidon ou une lampe tombée à terre, un feu qui passe au rouge et qui casse le groupe, un problème technique, ....j'ai déjà roulé avec des flamands, mais ici c'est pire.  Je regrette l'ambiance BRM wallonne, et en particulier les qualificatifs organisés par le TDL en 2011, je profite néanmoins de leurs connaissances géographiques pour traverser le Limbourg et ses saloperies de pistes cyclables pas vraiment balisées mais tant appréciées par les nordistes,  direction  Huy où nous longeons la Meuse côté Hesbaye. Enfin des routes, je me sens plus à l'aise.  Résultat de cette mentalité individualiste : nous ne sommes plus que 7 à pointer à Namur à minuit vingt, 2 sont déjà là et remplissent leurs bidons. Je suis donc à la moitié de mon périple, la moyenne est tombée à 26,2  j'achète une bouteille d'eau pour remplir mes bidons car je ne sais pas où nous pourrons encore trouver un commerce ouvert.  4 cyclistes repartent un à un avant que je ne me décide moi aussi car manifestement il n'y aura pas de groupe.  Je suis de loin les lampes rouges et à Jambes celui qui me précède se trompe au passage à niveau, il est trop loin pour m'entendre.  A Dave, comme je reviens sur un autre il se trompe également, je crie, il fait demi-tour mais ne me rejoint pas.  Je continue donc seul : il "suffit" de suivre la Meuse, parfois sur piste cyclable ou chemin de halage, jusqu'à Charleville.  La nuit est douce, Dinant est déserte mais magnifique, je me fais dépasser avant Hastière mais redépasse le gars arrêté à Revin.  Les routes sont désertes, l'ambiance nocturne est plus proche du Raid Vosgien que de Paris-Brest-Paris et j'arrive déjà à Charleville.


Il est 5 h 30, j'ai envie de déjeuner et manger autre chose que la nourriture cycliste. D'habitude pour un 400 les organisateurs prévoient un endroit pour déjeuner, avec café, croissants, au risque que les cyclistes arrivent trop tôt (comme lors de Neufchateau - Neufchateau). Ici rien, il faut honorer la réputation des Hollandais. Ivo avait écrit "bakker" sur le roadbook à Revin, Monthermé et Charleville, il est trop tôt, tout est encore fermé, même si les boulangeries sentent bon, c'est un vrail calvaire. J'avais dit à Laurence que je serais rentré sans problème pour 16 h, je me dis que ce sera possible pour le dîner.


Le jour se lève, la frontière approche, j'ai vraiment froid, surtout aux mains. Je m'arrête à Pussemange soulager le premier besoin naturel depuis mon départ (ais-je bu assez?), le compteur indique 1,7 °! Je retombe sur un tronçon de la José Cambrai, mais l'allure n'est pas la même. La batterie externe est déchargée, j'utilise donc la batterie interne du gps, je déplierai le chargeur solaire sur le sac à dos au prochain arrêt. Vresse, enfin un hôtel semble ouvert. J'entre, demande si je peux avoir un café et n'importe quoi à manger. Je me réchauffe, un client descend déjeuner, la patronne le remballe poliment en disant que le déjeuner n'est servi qu'à 8 h. Je regarde ma montre : 7 h 20, je me fais tout petit dans mon coin avant de repartir, toujours sur le parcours de la JC jusqu'à ce que je tombe sur un panneau 'route barrée', dans la remontée sur Petit Fays. Tant pis, je passerai à pied s'il le faut. La route est mauvaise, avec des tronçons en cailloux, cela me fournit une raison officielle pour monter moins vite qu'en mars dernier. Je n'ai plus froid, il fait magnifique, je traverse Daverdisse, Belvaux, avant de m'arrêter à la sortie de Rochefort pour retirer les habits de nuit.

Cap sur Humain où je quitte le tracé officiel pour remonter dans le Condroz par Buissonville sous un soleil éclatant, arrivée à Scoville à 11 h 15, à temps pour l'apéro. 418 km au

compteur, 3000 m de D+, 24,1 de moyenne, pas terrible mais un bon 300 km en solo. J'envoie un sms à Ivo pour signaler que je suis bien arrivé, il me resonne pour me demander mes impressions et confirme qu'en général c'est "chacun pour soi". Envie irrésistible de manger et boire tout l'après-midi, clairement je ne me suis pas assez alimenté, je me demande comment les autres ont fait. Côté matériel, pas de surprise tout fonctionne très bien.



samedi 29 septembre 2012

La Ronde Picarde


Par Damien Bosberg.

Nous étions une bonne petite délégation à nous rendre en terre picarde pour cette ronde toute entière dédiée aux amoureux des presque pas de côtes et du 53x11 à outrance.

Frère Tuck se chargant comme d'hab à loger tout son petit monde : Tuck et Tuckette, Pat Génicot, Jacques, Thierry, Gus, Emile (qui sort de son ramadan cycliste) et moi. Julien ayant opté pour le camping et Pat Moucq pour sa maison mobile.

L'arrivée étant à 7 ou 8 km du lieu de départ, il est tout logiquement décidé au briefing du soir de mettre les voitures à l'arrivée et de se rendre en vélo au départ comme échauffement. A notre réveil, un petit 7°C perdu dans son brouillard refroidit les frêles ardennais que nous sommes. Il est tout logiquement décidé au briefing du matin de mettre les voitures au lieu de départ, et puis c'est tout !

Le petit (Emile, Gus et moi) et grand circuit (le reste) partent ensemble. Les premiers km s'avalent à une allure VV' et au fur et à mesure des maigres côtes qui jalonnent le circuit, de petits groupes se morcèlent pour plus loin se recomposer et former les divers pelotons presque définitifs. Un chaud soleil fait son apparition et les éoliennes au chômage ôtent la majeure difficulté de cette épreuve. L'allure est rapide mais l'entente du groupe laisse à désirer. Soudain un semblant de relais se forme durant quelques km. Nos amis français auraient-ils enfin compris le fonctionnement pourtant élémentaire de cette discipline. Que nenni, retour à la cacophonie générale avec en point d'orgue un franchouillard qui n'a cesse de donner la leçon à tout le monde. On se regarde nous deux Thierry en se disant " Chers amis, si votre ramage se rapporte à votre pédalage, vous êtes le phénix de hôtes de ce peloton. "

Petit passage le long de la côte et routes étroites bordées de sable.

C'est là qu'à lieu le seul bon moment de la journée pour les secs et maigres (le seul mauvais pour les rouleurs) : le mur d'Ault, un bon petit raidard.

http://vimeo.com/49126602

Nous arrivons au centième kilomètres et la bifurcation annonce la séparation d'avec mon coach adoré, lui restant un petit 90 km et quelques bosses en fin de parcours, et moi mes 30 derniers km et son manque de relief qui font que nous ne roulons plus qu'à 6 ou 7 avec un cinquantaine de parasites collés à notre postérieur. Et c'est, évidemment au dernier km que les vautours s'empressent de nous remonter pour prendre les premières places, gentlemen jusqu'au bout des cales. S'en suivent non loin Gus et Emile.

Petites chopes bien méritées le temps d'attendre les grands parcoureurs. Tuck et Pat G avec leur moyenne de plus de 37, excusez du peu, Puis le reste de la troupe. Enfin, le reste moins un. Un cycliste s'arrête près de nous, disant qu'un de notre équipe était tombé pas loin de l'arrivée. Notre ami Jacques s'en rappelant à ses mauvais souvenirs, est embarqué en ambulance avec côtes, clavicule et omoplate cassées. On dit jamais deux sans trois, eh bien te voilà quitte avec tes chutes mon bon Jacques. Il en est toujours ressorti plus fort ; après ça, c'est clair, on ne saura plus le suivre.



Traditionnel debriefing de course avec son lot de breuvage et autres américains (c'est comme ça que les français appellent les mitraillettes) .



Mis à part cet accident, superbe journée pour une cyclosportive qui vaut la peine d'être faite, avec des moyennes rarement atteintes, petits rouleurs s'abstenir ( Françis, ...) . Pour ma part, j'avais déjà resigné pour l'année prochaine, auprès de Thierry, après seulement 30 km, gage de qualité.

La Charly Gaul

Par Boris Albert

Ce dimanche 02 septembre 2012, se déroule la 23ème édition de la cyclosportive luxembourgeoise Charly Gaul au départ de Echternach.

Je quitte donc Villance vers 6h30, sous un ciel dégagé, direction le Luxembourg via Fays-les-Veneurs et la bretelle d'autoroute de Verlaine afin d'embarquer mes compagnons du jour : Vincent Lambert et Maître Gus. Vérification de l'arrimage des vélos pour éviter la mésaventure survenue à nos collègues Team de Lux, l'année passée (voir compte-rendu 2011).

Arrivés sur place, nous constatons que les parkings sont déjà bien remplis. Beaucoup de monde également aux inscriptions surtout sur la petite distance.

Deux parcours sont au menu : 155 km (2250 m de deniv.) et 93 km (1280 m de deniv.).

Vincent et moi optons pour le 155 (départ 9h) alors que Liz, José, Pascal, Jean-paul et Gus (en manque de km) se lancent sur le 93 (départ 9h30).

A noter la présence de Richard, cumulant les fonctions de photographe et coach occasionnel.

Donc, belle présence, encore cette année du maillot Tdl sur les routes grand-ducales.

La tension monte, l'heure du départ approche ..... c'est parti, notre position peu favorable, nous oblige à fournir un effort supplémentaire pour remonter vers la tête du peloton. Une première sélection s'opère dès la première côte, puis la deuxième, Vincent et moi sommes toujours dans le premier groupe mais pour combien de temps ?

Nous tiendrons environ 50 km avant de lâcher, à bout de souffle, dans une côte plus pentue. Résignés, nous intégrons un groupe d'une cinquantaine de coureurs. Le rythme redescend légèrement, heureusement car les organismes ont déjà bien souffert ...

Les côtes assez pentues mais relativement courtes sont passées à vive allure en alternance avec de longs faux-plats qui nous permettent de récupérer un peu.

Quel plaisir de rouler sur un revêtement de cette qualité, les km défilent, nous commençons à rattraper les concurrents du petit parcours, l'occasion de saluer Liz et l'éternel José, toujours aussi véloce.

Plus que 2 côtes, l'arrivée est proche mais les jambes commencent à brûler et le rythme s'accélère ...

Le groupe casse à environ 25 km du terme, malheureusement Vincent est lâché, il ne reviendra pas.

Je passe la ligne d'arrivée, limite crampes, mon compteur indique une moyenne supérieure à 35 km/h, résultat inespéré au regard de ma défaillance sur la criq. le week-end précédent.

Regroupement général à la terrasse sur la place d'Echternach, noire de monde, inondée de soleil et dégustation de Bofferding, la bière locale.

Autour de la table, les avis sont unanimes, la Charly Gaul mérite le déplacement, une organisation sans faille (record de participation battu avec près de 1100 inscrits), un parcours de difficulté moyenne à mi-chemin entre la Meusienne et la Criquelion. A refaire ...

Un grand merci à Vincent et Gus d'avoir attendu la remise des prix pour me permettre de monter sur mon premier et certainement dernier podium en cyclosportive.

A bientôt sur le bitume,

Boris





lundi 27 août 2012

Le REV (Raid Extrême Vosgien)



Par Miguel Brichant


Scoville, vendredi 27 juillet 11 h 45. Déjà en retard, espérons que ce n’est pas de mauvais augure. Direction Grimbièmont pour passer prendre “Parrain”, alias Alex, compagnon de chambrée pour la 3° année consécutive (REV , Paris-Brest-Paris et REV). Il est cool, en train d’arroser des fleurs, très relax .... tellement relax que quelques kilomètres plus loin il se rend compte avoir oublié ses manchettes. Nous sommes donc à l’affut d’un Décathlon mais arriverons à Luxeuil sans avoir rien vu. Trajet assez éprouvant (ambiance sauna) car, malgré un entretien réalisé mi-juillet, la clim ne fonctionne plus. Accueil à l’abbaye où nous retrouvons dès la descente de voiture Alain Nizette et son épouse Christine, arrivés une demi-heure avant nous. Alex apprend qu’au bourg voisin il y a un vélociste. Nous remontons dans le four à 4 roues et tournicotons un bon quart d’heure avant de trouver le magasin (et dire que le lendemain nous devrons trouver notre route pour 600 km !!) où Alex déniche quand même une paire de manchettes ..... soldée pour les participants du Rev.

Repas convivial à l’abbaye avec les participants et accompagnants, retrouvailles de quelques français sympas, ..... et nuit torride, réveil vers 5 h du matin à cause du bruit causé par ....... une drache, qui n’a rien à envier à notre drache nationale (et impression d’être déshydraté, c’est un comble!!). Déjeuner un peu lugubre pour cause de drache continue, ciel bouché ..... Alex est content d’avoir acheté des manchettes mais annonce la couleur : si la météo est trop mauvaise après le ballon de Servance, retour à la case départ (il a déjà eu son quota d’eau en juin). Alain et moi repensons aux averses de grêle de Liège-Bastogne-Liège : au moins ici, il fait chaud.

Cette année les 46 départs se font en mode individuel, toutes les 3 minutes. Les randonneurs à partir de 7 h, les ultras sans assistance dès 8 h, les ultras avec assistance 9 h, les duos à 9 h 45 et finalement les 420 km sans assistance après 11 h. Le tirage au sort me fait partir en tête du TDL : 8 h 06, juste devant Alain alors qu’Alex démarre à 8 h 24. Il y a deux ans, j’avais terminé hors délai avec les derniers contrôles fermés. Cette année j’espère évidemment faire mieux, mais je suis fatigué (mauvaise nuit et je n’aurais peut-être pas dû aller aux ballots jeudi), la météo est incertaine, le trajet plus long avec une 3° ascension du Ballon d’ Alsace et avec mes 77 kg pour 1,77 m, je sais que je ne serai jamais un grimpeur.

Géromine (la responsable informatique) me donne le départ, c’est parti et miracle, il ne pleut plus. Deux petits cols pour commencer (Mont des Fourches et Croix), mais la route a été refaite, il y a plein de graviers, cela ne rend pas, j’ai l’impression de mal grimper, je ne rentre pas dans le rythme (impression confirmée au 1° ravito par d’autres participants, ouf je suis rassuré). Première montée du Ballon de Servance : je me sens mieux et apprécie la montée, même si je me fais dépasser par Rémi (le vainqueur en 2010) qui m’avoue avoir pris involontairement un raccourci au départ (il n’a bien sûr pas besoin de cela pour faire un chrono !!!) et sur la fin de l’ascension par un ovni, ce doit être Eric Leblacher Dans la fin de la descente je rattrape Pascal, un cycliste qui doit en être à sa 5° tentative. Col de la Chevestraye et 2° passage au ravito du col des Croix, où je retrouve Christine qui me donne des nouvelles d’Alain. En route pour la première ascension du Ballon, montée régulière ponctuée tous les km par un panneau annonçant le km suivant à 7 %. En 2010 j’avais monté trop vite, cette fois je fais gaffe, d’autant qu’il fait lourd. Ravito abrité au sommet, 120 km d’accomplis pour 2500 m de D+. Je repars et croise Pascal !?! (j’apprendrai plus tard qu’il a choisi de tenter le 420). Magnifique descente sur Sewen pour faire une boucle moyennement vallonnée avant de revenir au ravito par Giromagny. Je dépasse d’autres Reveurs avant Masevaux où j’entre juste après une averse. Je cherche le panneau itinéraire poids lourds, le trouve, freine et tourne au dernier moment, bardaf c’est l’embardée : je glisse sur la peinture d’un passage piéton. Porte-bidon et bracelet de la montre éclatés, genoux en sang mais heureusement pas de trafic. Je trouve la broche manquante de mon bracelet, réussis à la remettre et repars avec 1 bidon dans le maillot. Au bourg suivant (Giromagny?) je déniche un commerce vélo - moto - tondeuse; pas de chance, ils n’ont pas de porte-bidon. Pendant ce temps je me suis fait dépasser et j’attaque la 2° ascension du Ballon avec des cyclistes en point de mire, me fais dépasser, en rattrape d’autres sur la fin, c’est un peu animé.

Au ravito Jean-Claude se rend compte immédiatement de ma chute, on discute sur l’opportunité de trouver un vélociste et je me dis que je roulerai ainsi jusqu’au Markstein où je récupérerai mon sac à dos, Christine veut me désinfecter mais je refuse ( j’aurais peut-être dû accepter car à la tombée de la nuit mon genou gauche sera toujours en sang). A ce moment, Jean-Claude Arens crie “où il est celui qui a cassé son porte-bidon? Didier Miranda en a un dans sa camionnette”. Incroyable, quelle assistance technique sur ce REV !!



Je repars donc avec mes 2 bidons sur le vélo. En 2010, Alex m’avait dépassé pendant que je me ravitaillais; de même, Aloyse, un gars très sympa avec assistance, m’avait rattrapé à la sortie de Thilot. Cette fois je n’ai vu ni l’un ni l’autre, je suis donc en progrès. Quelques petits cols avant d’entamer les 14 km qui mènent au Markstein, avec l’impression d’être collé sur la route. Je regarde le compteur : les 2 premiers kilomètres sont montés à du 7 km/h, pas terrible. Heureusement la fin est plus roulante, j’atteins même les 14 km/h. Vue magnifique au sommet mais immense déception au contrôle : Christine m’apprend que Alain veut abandonner, il ne se sent pas bien, a dû s’arrêter deux fois dans la montée du Ballon. Pendant que je récupère mon sac à dos et m’équipe pour la nuit, elle reçoit d’ailleurs un coup de fil : Alain est au pied du col et l’attend. Je repars pour la route des crêtes, toujours aussi magnifique au coucher du soleil et à la bifurcation vers la route des Américains, Alain et Christine sont là pour m’encourager. Il n’a pas l’air trop déçu. Je réalise que je suis suivi à une centaine de mètres par un rêveur, bizarre, jusqu’à présent soit je rattrape des cyclistes, soit je suis dépassé, mais il reste à la même distance, sans doute me laisse-t-il choisir la route.

Manque de bol : mon garmin n’affiche plus la route, il est calé et l’écran tactile ne répond plus. Quand je pense au temps qu’il m’a fallu pour tracer la route, je vais sans doute devoir terminer avec mon mini roadbook calé dans le cuissard. Après le col des Feignes je m’arrête à un carrefour pour ma première pause pipi depuis le départ (ais-je bu assez?) et j’en profite pour allumer mes lampes. Le gars me rejoint et me dit faire le 420 et devoir aller à la Schlucht. Je lui explique la route sans lui dire qu’il n’aurait pas dû me suivre dans la route des Américains, je ne veux pas lui donner un coup au moral. Petite vallée assez vallonnée et très sympathique à la tombée de la nuit : nombreux restaurants, vacanciers autour de barbecues qui proposent un verre, chalets illuminés et qui ont l’air bien chaleureux, je me prends à penser que je pourrais y être avec ma femme et les enfants ... J’entame le col du Bonhomme dans le noir total pour reprendre la route des crêtes.

Le compteur est définitivement inutile, il n’affiche même plus la vitesse, impossible de l’éteindre et de le rallumer.

C’est néanmoins agréable de rouler la nuit dans les Vosges : très peu de voitures, on peut rouler au milieu de la route, on voit du gibier, même une chouette debout sur l’asphalte qui a l’air aussi surprise que moi. Ravito du col du Calvaire, une apparition féerique dans la nuit : le sourire de Géromine qui m’apprend qu’il y a encore une quinzaine de concurrents derrière moi. Le temps de manger des pâtes, d’autres Rêveurs arrivent mais pas Alex ni Aloyse et je repars pour la Schlucht. La descente vers Munster est mauvaise, je perds une lampe (heureusement que les led lenser sont solides!) et dépasse un cycliste juste avant de tourner à gauche pour aller chercher le col du Wettstein. Montée agréable mais parsemée d’éclairs, aurais-je le temps de basculer au sommet avant que l’orage n’éclate? Le sommet est là, je prends à droite vers le collet du Linge et puis j’ai un doute : ne fallait-il pas passer d’abord par Orbey? Je m’arrête pour vérifier : si, il fallait aller tout droit !!! Demi-tour, cette fois c’est sûr, je n’échapperai pas à l’orage. Merde, il éclate au début de la descente. Pluie diluvienne, éclairs, foudre qui semble tomber près, je décide de m’arrêter et inspecte les environs à la recherche d’un abri : rien, absolument rien! Je mets mon Kway, bâche le sac à dos, éteins les lampes et m’accroupis dans le bois, en-dessous d’un arbre, avec pour objectif immédiat d’éviter que les gouttes ne coulent dans ma nuque. Une heure plus tard, le bruit d’eau est toujours là, même si l’orage est parti. J’envisage l’abandon mais comment faire pour rentrer à l’abbaye? Si je rejoins le ravito du collet du Linge, auront-ils une place pour moi???? Soudain une lueur : un cycliste suivi par une voiture avec gyrophare.

J’allume ma lampe de poche pour voir s’il est vraiment inconscient de descendre par ce temps et me rends compte qu’il ne pleut plus (depuis combien de temps?), le bruit continu d’eau était celui d’un petit torrent, j’ai pas l’air con!!!!! Je sors de mon trou, rallume toutes mes lampes et vois que le cycliste s’est arrêté (il a vu ma lampe). Il me demande si tout va bien, je le rassure et quelle joie de voir que mon accent me trahit : “Miguel, c’est toi?” Aloyse m’a enfin rattrapé, Clarisse s’excuse de ne pas m’avoir vu (normal, j’étais bien planqué dans le noir) et nous descendons l’un à côté de l’autre (règle du no drafting) en profitant des phares pour éviter les nombreuses coulées de boue et de graviers, ainsi que les batraciens de sortie. Enfin le Collet du Linge, les bénévoles ont aussi dégusté pendant l’orage. 372 km. En 2010, je n’avais eu qu’un seul ravito ouvert pour le reste du raid. Je suis dans les temps pour le prochain au Petit Ballon. Descente sur Munster dans les mêmes conditions et là problème : on ne trouve pas la route de Soulzbach. Aloyse demande le chemin à un autochtone mais arrêt quelques kilomètres plus loin : on est perdus. 3 têtes se penchent sur la carte et je vois un fin trait qui monte au Petit Ballon. Je m’entête et parcours toutes les petites rues d’un village avant de dénicher l’indication. Ayant des mauvais souvenirs de ce col, je conseille directement à mon compagnon de nuit d’y aller sans s’occuper de moi. Il fait jour lorsque je sors de la forêt et aperçois le camion ravito (403 km pour 7888 m de D+). Ce col est décidément une saloperie, j’arrive en disant à Aloyse que je suis cuit, il repart donc quelques minutes après mon arrivée sans plus s’occuper de moi (en fait il me laisse sa chaise car c’est un peu exigu et il y a du monde, dont un Rêveur allongé dans une couverture, je crois qu’en fait il n’est pas reparti). Vue magnifique sur la fin de l’ascension qui me rappelle la côte de .....

Deux cyclistes sortent de la forêt lorsque je repars pour la descente dans laquelle je suis surpris de dépasser Aloyse qui est super prudent, avant d’attaquer le Platzerwazel. Aloyse me redépasse et je comprends que je ne le verrai plus avant Luxeuil, car je commence à souffrir du syndrôme PPP : Petit braquet, Petite vitesse, Petit moral, sans parler de mes genoux qui commencent à être douloureux (séquelles de la chute de la veille?) Et là je vis quelque chose de très bizarre et déroutant : je m’assoupis une fraction de seconde sur le vélo. Malgré mes 3 Paris-Brest-Paris et de nombreux BRM je n’avais jamais compris comment des gens pouvaient s’endormir sur le vélo. Maintenant je sais ce que cela fait, même en pleine ascension !!!!

S’ensuit la montée vers le Grand Ballon pour arriver au ravito du Col Amic (442 km pour 8917 m de D+) où m’attend un message d’encouragement d’Alain “Plus que 170 km, courage!” Je n’ai pas vraiment le temps de me reposer car je récupère un sac, retire mes éclairages et certains vêtements dans une atmosphère de rush : le Tour d’Alsace doit passer ce dimanche, les routes vont être fermées à la circulation, les bénévoles lèvent le camp. Nous devons faire une boucle de 35 km, nous ne savons pas bien si nous pourrons passer. Clarisse part devant et me confirmera par sms que je peux risquer, je décide donc de faire la boucle. A ce moment Alex arrive, il préfère s’arrêter manger un peu plus loin. Je fais le tri entre ce que j’emporte et ce que je laisse et tente de rattraper Alex. Hélas, dans la précipitation et la fatique j’ai oublié de prendre la deuxième partie de mon mini Roadbook. Arrivé à Watwiller, je débouche sur un T. C’est la bonne départementale, mais faut-il aller à droite ou à gauche? Je prends à droite (souvenir de 2010), il fallait prendre à gauche. Demi-tour donc pour aller à Wuenheim. Sensation étrange de pédaler en plaine après avoir tant caracolé dans les cols. Wuenheim, déviation pour travaux, je la suis mais aboutis derrière les travaux, toutes les routes étant voies sans issues, même celle nommée route du col Amic. J’essaye de trouver quelqu’un mais il semble que tout le monde est à la messe. Je déniche finalement un habitant à une fontaine : je dois faire demi-tour jusqu’au dernier panneau déviation que je n’aurais pas dû suivre. Belle route sinueuse et régulière pour remonter au col Amic mais je n’ai pas vu Alex, avec tous ces détours je ne le reverrai plus. Mes genoux sont de plus en plus douloureux. A l’emplacement du contrôle, les bénévoles sont bien entendus partis mais Patrick Bassompierre mange, entouré de sa famille. Je demande mon chemin pour la suite et sa soeur me donne très gentiment les 4 dernières pages du Road Book officiel que j’emporte dans mon maillot. En route pour Masevaux et la troisième ascension du Ballon par Sewen je me fais dépasser par Patrick, impossible de suivre son rythme à distance, je le vois disparaître à l’horizon. L’ascension se déroule dans une drôle d’effervescence : spectateurs qui se massent sur les côtés, caravane publicitaire et finalement voiture de tête qui me dépasse au sommet en annonçant “voici le premier coureur ...... non c’est une blague”. J’avoue avoir perdu le sens de l’humour à ce moment, mais je peux souffler, je suis passé avant que la route ne soit bloquée. Descente prudente sur Giromagny (bras et mains ankylosés par manque d’habitude de descente de cols, d’autant qu’il a fallu freiner beaucoup sur les routes mouillées) et grosse frayeur dans l’un des derniers virages : une voiture aborde le tournant sans réaliser que c’est une épingle à cheveux et termine donc son virage .... sur la bande de gauche!!! Je ne pense pas qu’il y ait eu un mètre entre elle et moi!!! Direction Plancher Bas et désillusions : je n’arrive plus à grimper la moindre bosse tellement j’ai mal aux genoux. Arrêt sur le côté pour prendre mon gsm et voir qui pourrait venir me chercher en voiture. Alain est rentré à Marche mais m’exhorte à continuer, Alex en a encore pour 2 bonnes heures avant d’atteindre Luxeuil (il est à 15 km devant moi mais je n’ai plus aucune notion du temps). Je contacte les contrôleurs de Plancher les Mines pour m’assurer qu’on m’attend, j’envisage de rentrer avec eux mais Claude m’encourage en me disant que je suis prêt du but. Je repars pour rejoindre le ravito et me rends compte que l’arrêt et la marche sur le côté de la route ont débloqué quelque chose. Au ravito petite discussion par gsm avec Jean-Claude car il est clair que le Ballon de Servance sera un calvaire, j’arriverai hors délai. Je continue quand même, braquet minimum, je m’arrête 2 fois dans l’ascension pour marcher, et au sommet (11600 m de D+) je retrouve Claude qui m’attendait pour être sûr que je pourrais terminer. Je crois avoir battu le record de la lenteur pour ce col et entame la descente vers Luxeuil. En route le gsm sonne : Alex est arrivé et demande s’il faut venir me chercher. Je continue en étant conscient des dangers : un Rêveur a chuté à Esmoulières (petit tour aux urgences) et Alex a crevé 2 fois en 20 km. Je me surprends à pouvoir repasser le grand plateau pour terminer et arrive à l’abbaye à 20 h 55, tout le monde est attablé mais ma puce sonne en passant la ligne d’arrivée. J’entre dans la salle alors que Jean-Claude, Aloyse, Géromine et Alex viennent à ma rencontre, que tous les convives se lèvent pour applaudir (le fils de Jean-Claude, contrôleur du Petit Ballon, m’accueille en criant “voilà j’suis cuit”). Quel moment !!!! et quel final : il m’aura fallu 12 heures et des poussières pour faire les 170 derniers km, je suis 18° et dernier en 36 h 55 (près de la moitié d’abandons) et hors délai mais j’ai terminé. Personne n’a tenté la boucle supplémentaire de 120 km, Eric Leblacher a gagné en 24 h 18, Aloyse termine en 33 h 07 et Alex en 35 h 17. Quand je pense que pour la même distance j’ai viré à Brest l’été dernier en 25 heures !!!! La fête aurait été complète si nous avions terminé à 3, peut-être une prochaine fois?

Vivement une bonne bière belge. Hélas, le café que nous avions repéré il y a deux ans est fermé après 22 h. Nous attendrons le lendemain pour déguster une bière bien méritée à Martelange.

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mercredi 8 août 2012

EDT (acte 2)


L’Etape Du Tour Acte II : Pau-Luchon, 200 km et 5000 de déni.

Cette année, le sélectionneur n’avait pas été tendre. « Plus d’abandon » avait –il tonné après le piètre résultat de l’année précédente sur l’acte II entre Issoire et Saint-Flour. Donc adieu le Dandy de Liège, au revoir au Poulet déplumé de 6 semaines et eie luck elaie à l’Aigle hydrophobe du Kirchberg. Cette fois, mis à part nos deux vedettes, soit Be Postal, qui se préparait sérieusement aux pentes et au climat des Pyrénées depuis une semaine et notre Francis old timer d’Arville qui se reposait sur la Transalp et ses lauriers (Notez qu’il avait quand même changé de chaîne depuis sa dernière étape italienne), tous les autres prétendants devaient démontrer leurs ardeurs. Alain dut ainsi aller s’entraîner en interval training sur les pentes de l’Angliru, et les autres, Philippe, Patrick et même le coach,durent chasser la Marmotte sur les pentes du Galibier.

Eh bien lui en prit car ils reçurent tous la médaille de finisher malgré le trajet et les conditions climatiques (jugées 7/10 selon l’échelle Issoire-St-Flour). Evelyne nous avait pourtant prédit une petite pluie matinale puis un ciel couvert avec 15-16 ° et un vent favorable.

La veille, j’arrivais à Pau sous un soleil de plomb. Petite visite aux multiples stands du village d’accueil pour me rendre compte qu’ Overstim et Fenioux avaient été cambriolés : plus de petite topettes, Francis était passé par là. Lui et Alain, en mal de logistique tentaient de revenir du village arrivée où ils avaient déposé leur voiture. Patrick et Philippe avaient pu prendre la navette officielle et logeaient dans un hôtel à Pau. Francis, Alain et le coach logeaient un peu plus à l’écart, à Tarbes, soit à 30 km du départ. Dernier repas familial pour Thierry et dodo nerveux pour tous. Lever à 5.00 pour un départ avec la TDL, conduite par Madame, à 5.45. Peu de monde sur la route, La TDL nous droppe à quelques encablures de la place du départ et chose rare, Thierry s’excite sur sa roue arrière quand Francis reste d’un calme olympien… le monde tourne à l’envers ?

Les petits soucis réglés, on rejoint nos sas. Francis et Thierry, grâce à leurs exploits de l’année précédente, peuvent ainsi côtoyer notre champion BE Postal dans le deuxième sas (500-1200). Alain est dans le 4iéme, les derniers végètent dans l’avant-dernier. Nous sommes 8000 qu’ils disent. Et pas de pluie, que fait-on ? Certains, en dehors de notre club, oublient leurs manchettes, ou leur k-w, ceux-là auront bien du mal et du mérite à arriver.

Et Pan c’est parti pour une petite quarantaine de km de vallée où chacun tente de garder l’abri. Première côte, première déchirure, Thierry devra forcer pour réintégrer le groupe, Francis préférera revenir au train, mais pas de gare dans le coin….Arun, pied de l’Aubisque, lieu de séparation de Didier et Thierry. Chacun monte à son train, le peloton se transforme assez rapidement en une file ininterrompue de maillots multicolores. Avec les gros pourcentages nous arrive un nuage accroché à la montagne, un gros nuage de pluie froide et de brouillard. Cette brume nous donne parfois l’impression d’être seul sur ce col et nous laisserait tomber dans une rêverie. Top le sommet, les bénévoles, qu’il faut remercier, nous remplissent les bidons en nous signalant la présence d’un troupeau sur la route de la descente. Il existe bien et bel quelques vaches, mais surtout un énorme troupeau de vélos avec les freins qui mugissent dans les virages, des trajectoires incertaines, sur une route sinueuse, froide et trempée. Un bolide sera seul à faire la descente, il s’agit d’un local, Emile, le frère d’Hubert Arbes, ancien coéquipier du Blaireau qui tient un magasin à Lourdes.


Ici dans les années 50, lors de la même étape, Wim Van Est, porteur du maillot jaune chuta dans un ravin et seule sa montre Pontiac ne sera pas cassée (bonjour la pub). Il remonta grâce à une corde de boyaux pour rejoindre la route. Les petits tunnels sans éclairage du cirque du Litor, j’ai de la chance, j’y arrive juste derrière une ambulance qui éclaire la route rien que pour moi. D’autres ont un peu plus de chance, ils sont juste devant et pourraient tomber, juste sous leurs yeux. Petite remontée vers le Soulor, elle ne réchauffe même pas. On s’enfile alors la longue descente vers Argeles. Là Hugo Koblet fit  aussi un tout droit avec son maillot de champion de Suisse, il termina ainsi ce tour de France 1954.

Sur la place du village, en face du ravito officiel, des supporters TDL (merci Sonia, Fabienne et leur famille) qui essayent de nous réchauffer quelque peu, mais il faudra attendre les premiers lacets du Tourmalet pour que le moteur reprenne un peu de vigueur.

On ne peut grimper ce col sans penser au premier coureur qui passa le sommet en traitant les organisateurs du TDF d’assassins, et dans une période plus proche au pétard mouillé du petit Schleck lancé à Contador et mouillé, dès qu’on atteint 1500, on le sent, avec de nouveau un brouillard rafraîchissant. Top sommet, zut, il faut se taper encore une longue descente, mouillée et hyperdangereuse. Nous passons à la Mongie, sans voir un seul immeuble, vu la brume, et en serrant les fesses, vu la boue qui jonche la route.


Sainte Marie de Campan, je suis quand même arrivé et reparti plus vite que le vieux gaulois, qui cassa sa fourche dans la descente, répara dans la forge au carrefour de la route de l’Aspin et repartit 14 heures plus tard. Ce col d’Aspin est le moins rude de la journée, faux plat jusqu’à 5 km du sommet. Là  à Payotte, la route s’élève dans les bois sur une bonne route, régulière. Top le sommet, ici en 1950, Bobet, Robic et Bartali chutèrent. L’Italien en voyant un supporter accouru pour l’aider à se relever avec un canif à couper du saucisson crut à une agression et malgré la victoire d’étape abandonna avec les deux équipes italiennes le soir même.



Ce col est moins haut et enfin la descente vers Arreau  plaisante, bien visible, sur route sèche, enfin un peu de plaisir dans cet exercice. Il ne reste que le col de Peyressourde, on se souviendra du duel entre Rasmussen et Contador sur l’autre versant, à l’attaque de Vinokourov en 2007 et celle de « hollywood » Voeckler il y a quelques jours  sur celui-ci. Ici 9 km de faux-plat pour en terminer par du dur pour les 7 derniers. Mais il n’y a plus à compter, c’est le dernier et encore une fois, son altitude plus modeste garantit une descente moins froide, moins mouillée et plus rapide. Sur le bord de la route, comme chaque année, un compteur nous donne notre position au scratch et cela fait du bien. Top le sommet, et hop la descente, où on se prend pour des coureurs enfin.  On ne remet pas son k-w pour laisser apparaître le maillot chéri.



Petit sprint dans le groupe, et enfin la ligne.  Malheureusement le reste devient moins gai, l’escouade de TDL ne peut se former car Didier se réchauffe dans un coin, Thierry dans un autre, Francis qui attend Alain et la fin des vacances avec le trajet pour rejoindre les hôtels sur la route du retour (merci ASO, on n’a pas d’hélicoptère). Il manquera donc cette troisième mi-temps si chère aux membres fondateurs. On essaiera d’y remédier pour les derniers rendez-vous de la saison.


La même étape au cours du temps


Date Nom temps Place

1938 E. Vervaeke 7h15 1er

1949 Robic 7h06 1er

1980 R. Martin 6h27 1er

1983 R. Millar 6h23 1er

1998 R. Massi 5h49 1er

2012 Voekler 5h35 1er

Ghyselinck 6h18 153ième

2012 EDT Roux 6h44 1er

Be postal 7h56 175ième

Le coach 8h39 519ième

Willy 9h04 842ième

Patrick M 9h04 849ième

Philippe E 9h07 898ième

Alain T 10h24 2219ième

mardi 7 août 2012

La chasse à la Marmotte



Comme chaque année à la même époque, les grands chasseurs de cols se retrouvent à Bourg d’Oisans, le premier w-end de juillet, afin de partir à l’aventure, soit à la chasse à la marmotte. Certains se sont préparés de longue date, sont « affutés », il s’agit pour eux de la quête de l’année. Pour d’autres, c’est un peu n’importe quoi, et l’aventure devient vite une galère.

L’escouade du Team de Lux comporte 6 hommes verts : Julien, pour une onzième fois, Philippe, Patrick, Jérôme, Gerald et leur coach. Les deux premiers forment l’avant-garde, ils sont les généraux, dans le sas des Leaders, soit les prioritaires. Patrick navigue derrière eux, Jérôme est le voltigeur quand les deux derniers partent avec la piétaille, en arrière garde, soit une heure après les premiers cités.

Comme je loge chez Gérald, nous commençons par un petit échauffement refroidissant entre l’Alpe et la ligne de départ, 13 km plus bas.

Juste avant d’enclencher nos chronos, nous nous serrons la main en nous souhaitant bonne chance et….. « on est voye »…Le premier col nous tombe dessus après 12 bornes, il est irrégulier, avec des passages à 12%, des descentes, un faux plat où Thierry porta une attaque grand plateau. Déjà on dépasse des gars avec des sacs à dos énormes, un qui roule avec sa pompe à pied, un qui a mis ses jantes ultrahautes, aïe aïe aïe, mais quel plaisir de participer à une cyclosportive montagneuse avec de pareils non-grimpeurs, on dépasse à tire larigot.

 Arrivés au col du Glandon, on passe sur un tapis magnétique qui nous pousse dans la zone neutralisée, comportant un ravito et la descente du col, jusqu’à la vallée de la Maurienne. Nous sommes ici dans le bordel à la française, on se roule dessus, on cherche l’eau qui est située de l’autre côté, certains dépassent cette zone en portage par les alpages, on voit une longue rangée de pisseurs (l’hiver venu ce seront des schieurs ?). Avant de repartir, Gérald et moi nous nous reserrons la main avec les paroles d’usage et nous nous engageons dans la descente quelque peu dangereuse de ce col, sans prendre aucun risque. Nous nous arrêtons même car le dérailleur de l’Orbéa entame une grève et reste bloqué sur le 50/12, ce qui pourrait être navrant dans le Télégraphe. Puis course oblige, nous repassons sur un tapis magnétique pour nous remettre en mode cyclosport.

Nous entamons cette fichue vallée de la Maurienne, là où le vent n’est pas souvent camarade. Comme son coéquipier, le poulet de 6 semaines, lui avait ordonné, la pouliche de Saint Hubert ne prit aucun relai. Il faisait semblant de garder une bouche pleine pour que chacun comprenne qu’il ne le pouvait. Dès qu’un trou se créait, ou qu’un groupe un peu plus rapide passait, le petit cheval s’écartait et le brave Gérald se mettait à la planche pour boucher, en oubliant même de remplir son petit bidon. Comme les bonnes choses ont une fin, nous passons sur le pont puis sous le pont et les petits plateaux reviennent, nous escaladons le Télégraphe, soit la clé du Galibier.


 Ainsi, Gérald et Thierry se promirent bien des choses comme déjà cité et s’accrochèrent. Ici, c’est Gérald qui donna le tempo jusqu’au sommet. Valloire et son mur pour atteindre le ravito où nos amis d’un commun accord, déposèrent leurs destriers sur le coin d’une barrière Nadar pour recharger et faire leurs petits besoins. Nouveau pincement de main et bonnes paroles pour s’élancer vers le toit de l’étape, ce Galibier, avec son entrée par faux-plat vent de face et sa fin par élévation rapide sans trop d’oxygène, ils ne savaient pas qu’ils ne se resserreraient la main que la ligne d’arrivée franchie. Le 34/29 prenant un peu d’avance sur le 34/25.





Cet obstacle franchi, il restait une longue descente vers Bourg d’Oisans. Celle-ci parsemée de tunnels mal éclairés, voire non éclairés où mon groupe faillit s’enchevêtrer, comme dans une partouze. Je pris la tangente au plus vite et dans la montée de l’Infernet, là où cela fait mal, je déposai ces noctamphobes. Les jambes répondaient bien, ce qui est de bon augure avant l’Alpe et ses 21 virages.
Bourg d’Oisans, il ne reste « que 13 km », mais lesquels ? Dernier ravito avec la femme de Patrick qui attend son cyclosportif qui, lui, a brûlé le ravito sans la voir. Qu’en dire ?, ici, même si le soleil ne brûle pas l’asphalte comme toujours,  plus personne ne peut se cacher et à chaque coup de pédale on avance, plus ou moins vite selon le plus petit braquet monté (non il n’y pas plus petit, c’est inutile d’essayer !). Enfin la station arrive et on passe tous la ligne avec un rictus de satisfaction. TDL peut se réunir et envisager la prise d’un petit apéro bien mérité.  Le temps de voir Madeleine Raskin, cyclosportive bien connue qui monte sur son Xième podium, de prendre ses ablutions et de réaliser les 13 derniers km (de descente) pour aboutir au 200 pions et au débit de boissons. Le banquet peut débuter, comme dans les BD de Gaulois.

samedi 16 juin 2012

Les 3 ballons


A la découverte des « 3 Ballons » (par Jerôme Defays)


Nous nous sommes embarqués à trois pour ces « 3 Ballons » 2012 avec Boris Albert, et Michaël Mathot. C’est pour moi une première sur une cyclosportive en France et une grande première à en découdre dans des cols de moyenne montagne.

Boostée par l’arrivée du Tour de France au sommet de la « Planche des Belles Filles » et une campagne du « Grand Trophée » dans le Benelux, cette édition a remporté un franc succès avec près de 3700 participants, environ 1000 de plus que les années précédentes.

Après avoir galéré la veille du départ pour se restaurer tellement les restaurants étaient bondés et après avoir passé une nuit potable dans le « Formule 1 » de Belfort, nous voici sur la ligne de départ. 7h15, c’est parti pour une très longue journée.

Je me retrouve très vite parmi les 250 premiers, ça roule fort. Je ne m’affole pas. Au pied du « Ballon de Servance », ça bouchonne ensuite ça se décante très vite. Beaucoup sont partis trop vite et accusent déjà le coup. Les jambes tournent bien, j’entame la descente. Au pied du Col d’Oderen, me voici dans un groupe dans lequel je vais passer les prochaines heures. J’y retrouve un Cinacien avec qui j’ai déjà roulé en course et qui sera de bons conseils ainsi que Christine Muller-Seiller (une grande habituée des cyclosportives parait-il, vainqueur chez les dames) et un Allemand à pieds nus en sandalettes munies de cales VTT…

La suite se passe sans soucis, juste le temps d’admirer la vue magnifique le long de la « Route des Crêtes » avant d’arriver au sommet du « Grand Ballon » et d’enchainer la descente avec un beau « tout droit » dès le premier tournant (merci l’échappatoire). Nous passons le « Col du Hundsruck », certains grimacent et craquent. Dans la vallée, nous rattrapons de gros groupes dont bon nombre lâcheront aussitôt le pied du « Ballon d’Alsace » abordé.

Bien malgré moi, je coince à deux kilomètres du sommet. Un petit coup de mou ? Une fringale ? Ou simplement la fin ? Le rythme n’est pas plus élevé, c’est moi qui suis dans le dur. Je me retrouve seul dans la descente, vite rejoint par un ancien pro Erwin Thijs et un autre cyclosportif. Le temps de bien boire, bien s’alimenter, je retrouve un second souffle. Ouf, j’évite la panne sèche. Sous l’impulsion du flandrien, une vraie mobylette, nous allons nous relayer jusqu’à Champagney. Un petit groupe nous rattrape pour donner le tempo avant la redoutable « Planche des Belles Filles ». Là, c’est chacun pour soi. Les jambes et la tête n’y sont plus, le cœur ne monte plus, je gère ma montée en 29 minutes.

Me voilà arrivé après 7h12min. Je suis vraiment satisfait de ces grandes premières du jour.

- Champagney, plus que probablement, à l’année prochaine.