lundi 14 juin 2010

A l'assaut de la Provence

Par Alex
Départ le 20 mai au matin, direction Saint Rémy de Provence. Le Général est accompagné d’Aurélie, sa fille promue cantinière pour 24h ,soit le temps de la tentative,d’André qui révise ses formules de trigo afin d’appréhender au mieux la déclivité du Ventoux et de votre serviteur pressé d’en découdre avec les difficultés provençales. La veille des hostilités, André légèrement souffrant récupère .Visite à la japonaise des Baux de Provence pour le reste de la troupe. Direction Vacqueyras pour compléter nos caves. Passage par Beaumes de Venise pour réserver les tables pour les cyclos de TDL participant à la Ventoux du 5 juin. Fin d’après-midi, décrassage pour André et Arthur. Briefing RPE pour Alex. Le parcours du RPE n’est pas fléché, mais fait l’objet d’un road book. Raid Provence Extrême

Départ de Bédoin à 9h30 sous le regard d’Aurélie, d’Arthur et d’André, direction Malaucène pour les 26 concurrents de la catégorie Grands Randonneurs (sans assistance). Neutralisation de l’épreuve pour les douze premiers km.

Dès l’entame du Ventoux, le mini peloton éclate de toute part. La chaleur sera omniprésente toute la journée. Pour ma part, je grimpe seul à ma main (1h58 pour l’ascension). Descente rapide vers Sault où j’enregistre ma première erreur de parcours (bonus supplémentaire de 3 km). Pointage et ravitaillement à Aurel. Direction Valensole par une route de style toboggan. Quelques km avant Manosque, une erreur de parcours m’oblige à escalader un petit col de 4 à 5 km, de nouveau un bonus de 6 km. Slalom dans les embouteillages de Manosque suivi d’une longue montée vers Valensole (contrôle 2). Après 150km, je dois déjà manger du salé en l’occurrence du saucisson et des triangles de fromage fondu, avant d’avaler du sucré. Ce rituel sera le même à chaque contrôle. Dans mes bidons uniquement de l’eau coloré par de très faibles doses de boissons énergisantes (20% de la dose prévue). Au contrôle, je bois du coca dans la mesure du possible (certains contrôles en étant dépourvus).

A l’approche des Gorges du Verdon, le temps devient de plus en plus orageux. Le troisième contrôle se situe à Aiguines dans la montée du difficile col d’Illoire, porte d’entrée des fabuleuses Gorges. Pas question de snober ce ravito avant d’entamer la redoutée traversée des Gorges. Le versant sud est constitué d’une succession de montées et de descentes agrémentées de merveilleux paysages qui vous font oublier la difficulté du parcours. La pluie a tôt fait de rafraîchir l’atmosphère. Ce climat me convient nettement mieux. Je suis de plus en plus à l’aise. Plongeon vers le versant nord accompagné de la nuit qui tombe. Une longue montée conduit à la redoutable boucle des belvédères un moment menacé de retrait, vu sa dangerosité, après un rude hiver. Durant cette sévère ascension, 2 ultras resteront une centaine de mètres derrière moi. Je redoute la dangereuse descente qui suit. La route est étroite, absence de toute protection à de nombreux endroits pour empêcher de basculer dans les eaux tumultueuses du Verdon qui coule plusieurs centaines de mètres plus bas. Je suis laissé sur place dès le début de la descente par les 2 ultras suivi de leur véhicule au puissant éclairage. Je roule le plus possible à droite à proximité de la paroi rocheuse. Un caillou comme un ballon de football m’oblige à revoir mes trajectoires et a roulé au milieu de la route. La constante pression sur les freins me fait souffrir au niveau des bras. Vers minuit, je pointe à La Palud. Certains sportifs sont marqués par l’effort, souffrent du froid, de troubles digestifs, du manque de sommeil. Pour ma part, je roule en maillot + manchettes et jambières, je n’ai pas froid et je me sens encore bien. Ce passage dans les Gorges est le tournant du RPE. Des coureurs y jetteront le gant ou y seront éliminés. Etant largement dans les délais, je prends mon temps pour me restaurer convenablement. On m’avertit que des pierres jonchent la chaussée dans la prochaine descente de col. Personnellement, je ne remarquerai rien d’anormal. Par contre, à un demi mètre près, je manque de percuter un sanglier qui a eu la bonne idée de rester sur le bas côté de la route. Notre maillot a-t –il eu une influence sur son attitude ? Vers 4h du matin, une voiture de l’organisation m’avertit que je ferme la marche (presque 50% d’abandons dans les sans assistance). Pour arriver au contrôle6, on roule sur des routes au mauvais revêtement très peu roulant. 110km sépare les contrôles 6 et 7, ce qui est énorme pour un cyclo solitaire sur un parcours difficile dans les montagnes du Lubéron. Montées et descentes se succèdent dans de magnifiques paysages où les villages sont haut perchés. Sur cette liaison, j’ai collectionné bon nombre de petits problèmes qui m’ont coûté beaucoup de temps. Outre une erreur de parcours et des renseignements à communiquer aux occupants d’une voiture suivant un ultra, j’ai dû roulé plus de 20km sans eau (nature magnifique mais aucune maison à l’horizon) dans la chaleur. Pour éviter la déshydratation, j’ai ralenti mon tempo. Ces contretemps sont inhérents à l’aventure solitaire. A Gordes, j’achète une boîte de coca dans un snack, mais j’essuie le refus de la tenancière de remplir mes bidons. Elle me conseille la fontaine du village où il s’avère que l’eau est non potable. La superette du village est fermée, donc je continue. A la sortie de Gordes, la voiture d’un commissaire me dépanne d’un demi bidon d’eau tempéré. C’est seulement à Bonnieux, 15 km plus loin qu’une dame bienveillante remplit mes bidons d’eau fraîche. Pour accéder au contrôle 7, il faut franchir une côte style Planche des belles filles mais plus courte (2,5km), ce que je fais sans trop de problème en adoptant un très petit braquet et en montant en souplesse. Voyant que j’étais toujours bien, je décide d’accélérer pour les 75 derniers km, ce qui me permet de boucher un trou de 55 minutes sur le concurrent qui me précède. Revenu à sa hauteur dans la dernière bosse, je lui propose de terminer ensemble dans le plus pur esprit des épreuves ultra. Après 31h41, on franchit la ligne d’arrivée. Mon compteur indique 612km et 9548m de dénivelé. André et Arthur, ayant réussi leur défi avec brio, cette bien belle journée s’achève au restaurant dans la plus pure tradition TDL.

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