jeudi 26 août 2010

L'étape du tour

Par Thierry et Phil
L’étape du tour 2010, Pau-Tourmalet le 18 juillet, 181 km, 4400 de déni. Chers lecteurs, que les choses soient bien claires dès le début de cette nouvelle épopée du team au sanglier ; la seule gloire que j’y recherchais était de vous faire le récit le plus précis de cette nouvelle aventure et non pas d’envisager de vaincre le chrono. En effet, cette étape comportait trop de longues et roides montées pour de bien trop courtes descentes.
Donc les 4 membres, rescapés de la transalp, sautèrent des dolomites aux Pyrénées sans passer par les alpes, ils emportaient dans leur poche, le dandy de lidge, le sieur Marcel.Le rendez-vous estoit prévu le samedi, 14h00, dans un bistroquet italien du centre du Pau. Phil et sa famille avait quitté Villers le vendredi pour atteindre le formule 1 de cette ville plein Pau. Marcel les poursuivant, suivi par Marc du Luxembourg. Thierry, lui, quitta Libramont le vendredi après boulot pour atteindre le rdv en 2 étapes. Francis, en grande vedette, mit 2 heures et un battement d’aile pour les rejoindre en passant par l’aérodrome local.
Une pizza plus tard et un bon verre de Jurançon additionné de Madiran pour les uns, ou d’eau et de pain sec pour d’autres, entourés par des milliers de cyclistes pour la plupart estrangers dont surtout une cohorte d’angles et de saxons , nous nous séparâmes. Pau envahies, Pau submergée….. Francis et Marc, pour ne pas déroger aux habitudes de la transalp, logeaient dans un hôtel 4 étoiles dans la grande et belle banlieue de Pau, la famille dans un gîte perdu sur la route du Tourmalet et les autres dans le formule 1 de Pau, où il restait 3 places, quel Pau. A peine entré dans cette piaule que nous en ressortions en tenue de déblocage pour rattraper la voiture du Phil et de sa famille où demeurait le quartier de Gatosport du lendemain matin. Le précieux butin récupéré, direction le restau d’à côté pour engranger des sucres lents à donf. 20.00 au lit, réveil à 5.45 !!! Toutes la nuit à réfléchir comment prendre tous les clients de cet énorme hôtel, vêtus de cuissard et voyageant avec 2 roues à contre-pied pour ne pas faire la queue aux toilettes, à la douche, au pti dej. Quelle agréable sensation, rouler à vélo, parmi des hordes de collègues, dans la brume et le froid du petit matin. On cherche le camion consigne pour y mettre une petite laine, notre pyjama, notre doudou, la trousse de toilette, … qui nous attendra à l’arrivée de l’étape puis un petit coin pipi qui sera la grille entourant la préfecture (Pau envahie, Pau salie,…) et enfin entrée dans notre sas, il reste 25 minutes avant d’enfin partir.
Chair de poule à Pau, il est 7.00 et c’est l’appel à Pau, ce 18 juillet, Pau est libérée….. Il faudra plus d’une demi-heure pour que le dernier lascar croise la ligne. Phil chevauche devant et personne de l’équipe ne reverra son beau panache blanc, il vise un top 500. La route emprunte pour débuter le circuit automobile du coin et la vitesse du peloton s’en ressent. Marc, Francis, qui visent un top 800 et votre serviteur voguons de concert dans cette marée multicolore, multiraciale mais uniculturelle, la culture vélo. Le ciel est gris, incertain,
il correspond à notre état d’esprit : après le premier col, on y verra plus clair, mais jusque là, le doute, la gamberge. Les premières côtes surgissent, courtes ou longues, c’est en force, sur la plaque que nous les enjambons. Pour ma part, premiers soucis mécaniques, les grands pignons couinent, la chaîne valse entre eux et met mon esprit en ébullition : « Bordel de merde ». Francis me demande si cela va et disparaît sous un déluge de vociférations ; n’a-t-il pas gentiment nettoyé de fond en comble ma bécane et n’est-il pas un peu responsable de ce gros désagrément ? (j’en profite ici pour lui remettre toutes mes excuses pour ce débordement). Quoiqu’il en soit, je ne me vois pas dans les cols avec ce violon désaccordé et profite d’un stand Mavic sur le bord de la route pour faire mon premier stop pit.
Le mécano, anglais, retire ma roue avant, met le vélo sur un pied et commence doucement à régler tous les pignons et plateaux tandis qu’une journaliste m’interviewe devant la caméra : « Alors monsieur, comment expliquer vous une panne dès le km 20 ? » - « Mon mécano a dû abuser de Madiran, je lui tirerai l’oreille à mon retour » lui rétorque je. Trois minute trente plus tard, je reprends le chemin du Tourmalet, heureusement vu le nombre de participants, je ne suis pas seul laissé à moi-même. 33 km/h pour arriver au pied du premier col. Ici la montagne commence et le soleil se lève.
Si le début est assez simple, les quatre derniers km ressemblent à l’enfer. C’est ici, que certains pro ont battus leur record de vitesse MAIS dans l’autre sens : 119 km/h pour Moncassin. Il faut dire que ces derniers km ne présentent pas de virages, uniquement de petits tortillements.
Freddy, le copain français de Didier me dépasse et me donne des nouvelles de Marcel ; il gère car il vise un top 10000. Sur le cadre de Freddy, je vois 2 rampes de lance-roquettes, ce sont les coups de fouet et les intense red plaqués selon leur couleur l’un sur l’autre. Les derniers concurrents devront grimper à pied tellement cela monte. Enfin le sommet gage d’une belle descente
pour atteindre un plateau herbeux où se situe le premier ravito. Une organisation de pro : un gars, geulophone en bouche nous invite à profiter de toute la longueur du bar, des bénévoles remplissent les bidons à la volée et un peu plus loin, un grand filet tendu au ras du sol pour recevoir les immondices. Il en sera ainsi tout le long de l’étape : Super bien organisé.
Et nous continuons à descendre vers Louvie-Jouzon,
Où une foule dense danse à notre passage, on s’y croirait. Mais dès un petit pont franchi, un beau petit raidar nous rappelle la dure réalité du jour, il faut monter. Sur ces entrefaites, je rejoins Freddy, qui descend comme Marc, même mieux (hum) qui me donne des nouvelles de Francis, un peu devant. C’est un vrai espion pour moi. De vallées en coup de cul, de groupes en peloton, nous rejoignons le pied du deuxième col, le Soulor.
A Ferrière, soit au pied du col proprement dit, nouveau ravito, à côté d’une colonie de vacances où un pti gars nous soutient avec sa vouvouzula qui retentit dans toute la vallée. C’est ici où les bons pourcentages arrivent, mais le décor est tellement beau que les km défilent sans grandes peines, enfin presque….
Nous sommes quand même bienheureux de voir le sommet et malheureux d’entreprendre déjà la dernière descente. A peine redescendu de ce col que nous embarquons pour un long faux plat qui va nous mener d’Argeles à Luz soit au bas du col et au bas mot 20 km, le vent est avec nous et c’est pas du luxe car cela commence à faire long. A luz nous entrons dans le final, il reste ici 19 km et non des moindres. Après le grand chauve l’an passé, nous nous attaquons à un des quatre cercles de la mort, le col aux tourments, le sieur Tourmalet.
Et là, au pied, quesque que je vois : un ballerin vert qui vogue et danse sur un Scott noir, on dirait la vedette d’Arville rajeunie de deux ans sur ce vélo noir et c’est ….lui. Je reste concentré car le ravito perso TDL devrait être dans 3 km. Je pense y déposer mon sous maillot, mes manchettes, ma sacoche de cadre, vider mes poches des derniers résidus de w-cup et ainsi j’avance. Et je suis surpris par notre ravito accueillant, Francis, comme Phil, ont pris leur musette à la volée, sans à peine se retourner quand je prends le temps d’échanger deux mots avec la cantinière et boire cette petite canette de coca bien fraîche. Marcel lui, à son tour, restera encore un peu plus longtemps, comme quoi les liégeois seraient plus courtois et moins rapides. Bref sous un soleil bien présent et qui tape j’entame la dernière partie de cette belle journée de vacances (un traffic un peu dense, peut-être) pour me rendre compte que j’ai toujours le sous maillot, les manchettes, la,… La foule est bien présente autour de nous, des centaines de camping-cars sont déjà là pour voir passer les pro le mardi et le jeudi. Ils s’entraînent à rafraîchir les coureurs et c’en est un plaisir.
A barrèges, je fais de nouveau la jonction avec notre futur grand-père et c’est ainsi que nous nous coltinerons la montée, rattrapant de plus en plus de coureurs couchés dans les bas-côtés ou poussant leur maitresse.
Arrivant dans les derniers hectomètres, la vedette retrouvant des pentes à sa hauteur se dressa sur les pédales et c’est de dos que je le vis passer la ligne les bras en l’air.
Je lui emboite le pas pour se rendre compte que si l’on veut manger, récupérer la médaille et surtout nos sacs, il faut redescendre l’autre versant pour 3 bons km afin d’atteindre La Mongie où les infrastructures nous attendent. Là, il faut encore remonter 200 M pou recevoir la musette et pouvoir s’écrouler dans le gazon avec Phil, Marc, Francis, 3 beaux légionnaires avec qui Francis avait partagé sa canette de coca dans l’ascension, puis 2 puis 3 puis 4 000 autres concurrents. Puis on parvient à se remettre tout doucement les idées en place. Il reste Marcel qui devrait être fatigué, reprenons son sac, sa médaille et attendons le au sommet. OK, mais si il a abandonné pour une vrai raison, le bus le mènera ici : coup de tel à notre cantinière qui nous apprend qu’il a bien passé le poste ravito. OK, mais quel dossard a-t-il pour récupérer son sac ? Coup de tel à un ami, José la science, pour connaître via le site web le numéro de dossard de Quentin que Gus que Marcel remplace. Et muni de tous ces sacs et à pied en poussant le vélo selon les gendarmes, nous avons rejoint l’arrivée. Là le flot ne se tarit pas. Et toujours pas de nouvelles de Marcel. Recoup de fil à Katrien pour apprendre que M se trouve à moins de 2 km de l’arrivée. Un coup alors sur le grand réveil sis à l’arrivée pour se rendre compte que si le liégeois veut être classé (soit moins de 11.30) cela va être chaud. Au fil du temps on voit passer de plus en plus de tout, des qui dégueulent sur la ligne, d’autres qui rient, des qui pleurent, qui sprintent, des qui poussent, qui se font pousser, mais tous se font acclamer par la foule présente. Il reste 3 minutes et enfin Phil le photographe le voit au pied de la dernière rampe. Mais le dernier membre met pied à terre, perclus de crampes. Vite, on file à son cul pour le pousser, il rattrape des forces, dépasse la voiture balai et peut bien savourer cette formidable victoire, lui qui pensait partir en vacances dans les landes et s’était entraîner dur à la pétanque et au pastis.
Il ne restait plus qu’à rejoindre le gite, sis 15 km plus bas dans la vallée, nous enfourchons nos bécanes et voyageons sur un champ de bataille enfiévré : des corps en décomposition, des grappes d’hominidés poussant des roues, des dizaines de bus chargeant des tas de coureurs cyclistes….
Bon dieux, que cela fait du bien d’avoir franchi la ligne. Arrivée au charmant village de Betpouet situé sur un talus de 500m, pour atteindre le gite coincé au milieu de nulle part, à 20 minutes de 4X4 de là dans la forêt dense pleine d’ours et de choses sauvages,
mais on en a bien peu à faire vu notre état de fraicheur. Apéro (Sans Orval) BBQ
et dodo car ici les vacances commencent réellement. Sauf pour la vedette qui devra reprendre l’avion le surlendemain pour courir quelques kermesses dans son comté ni pour Marc, Phil et Marcel qui avaient décidé de remonter le Tourmalet quelques jours plus tard avec la nouvelle tenue hyperlight d’été de TDL.

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