lundi 6 septembre 2010

Alpes Open Tour

Par Quentin Finne, journaliste pro envoyé spécial du TDL ( et une maigre contribution de son assistant pigiste). LE CONCEPT DE L'ALPES OPEN TOUR L'Alpes Open Tour est une Rando-Sportive qui emprunte des routes et cols mythiques des Alpes. L'épreuve privilégie la convivialité et la découverte des Alpes par la pratique du cyclisme. Les étapes sont parcourues à allure libre en présence de coureurs et équipes professionnels qui effectueront les 6 étapes aux côtés des participants en toute convivialité. L'Alpes Open Tour est organisé du 15 au 20 août 2010. Le concept de l'épreuve est basé sur les fondements du sport cycliste : la convivialité, la performance personnelle au sein d'un groupe, le partage d'une passion commune entre des pratiquants amateurs et des équipes et coureurs professionnels qui seront présents durant les 6 jours de l'épreuve. L'épreuve présentée, nous voici donc 2 représentants du TDL au départ, notre journaliste/reporter/coureur/membre du TDL arrivant en direct du tour de l'Ain dans la voiture du directeur de l'épreuve, le poulet de 6 semaines au bout d'un périple en avion/train/bateau/train à crémallaire, tout cela avec valise et vélo le tout se terminant la veille de l'épreuve dans un hôtel limite hôtel de passe.

1er étape : Thonon les Bains- Chatel

1er étape à oublier , pluie, vent, froid, 8 degré au sommet du col du Taillet, brrrrrrr , Bernard Thévenet au départ en grande tenue et au .... premier rond point il fait demi tour direction sa voiture..... Belle arrivée à Chatel après un (très long) faux plat montant.

2 ème Etape : Chatel-Beaufort

Pffffffffffffffff!!!" le vélo est parfois un langage international. Le soupir Davide Vigano, le pro de chez Sky avec qui nous patientons dans le hall de notre hôtel quatre étoiles (et oui, l'organisation a tenu à offrir le nec plus ultra au TDL, logé à la même enseigne que Moncoutié et compagnie) n'en finit pas. Il tombe des cordes sur Châtel et le thermomètre affice... 7°C. Un temps à ne pas mettre un husky dehors. Les mines blafardes de nos compagnons en disent long sur leur entraim. "C'est un temps pour choper la crève ça les gars. Nous on monte dans le camion balai." nous lance Sylvain Calzati. En élève discipliné et soucieux de préserver son tout frais statut de star, les deux coureurs du Team de Lux (qui n'a sans doute jamais aussi bien porté son nom) s'engouffrent dans une camionette de l'organisation. Masque et tuba à la main nous sommes toutefois bien décidés à parcourir les 80 derniers kilomètres, monsieur météo David Moncoutié nous ayant annoncé que son radar de pluie lui indiquait que la flotte nous quitterait en fin de matinée. En route pour une journée épique! Tout juste 200 mètres d'effectués que déjà nous marquons un premier arrêt: "Ah ben ouais les gars, moi je déflèche" nous lance un soixantenaire savoyard en ciré de pluie et grosses bottes imperméables "On colle la dernière au cul" La journée s'annonce longue. Les pros sentent venir le coup foireux et nous abandonnent quelques kilomètres plus loin pour rejoindre uine autre voiture... et l'hôtel. Nous restons sagement installé dans notre utilitaire Fiat et ne le regretterons pas. Phil propose d'abandonner notre maillot vert pour une tenue de camouflage mettant moins à mal la réputation du Team. "Y a quand même pas de quoi être très fier" me lance mon équipier gaumais...Une main tendue par la fenêtre refroidit toutefois bien vite ses ardeurs d'apprenti flahute. "On fera un point dans 20 bornes". Mais plus les kilomètres défilent et plus on se sent chez nous à suivre à la trace la lanterne rouge de cet Alpes Open Tour. Le cubi de rosé dans le coffre, deux baguettes, du jambon cru, des chips, des fromages apéritifs, un cake au chocolat: c'est entrée, plat et dessert à chaque ravito. Calfeutrés dans l'habitacle nous observons avec amusement les allées et venues de notre ami le sherpa savoyard. Sa tactique est encore plus au point que la mise en place d'une bordure par journée de grand vent. Ouverture de la portière coulissante, saut sur la chaussée, défilochage du planeau indicateur, petite course souple et remontée dans le camion. "Quarante marathons à mon palmarès et 200 victoires chez les vétérans en course à pied" nous lance-t-il! Un personnage. Les blagues belges se succèdent à mesure que nous suivons Audrey, la dernière de la troupe en pancho, pantalon de pluie (les mêmes que les motards!) et... baskets.

On crée en quelques instants un vrai fanclub. Phil se métamorphose en Willy lui tendant pipète, bidon. Le camion se vide toujours un peu plus pour ramener au plus vite les participants transis de froid vers les hôtels mais on s'y trouve tellement bien que l'on refuse de l'abandonner!

3ème étape : Beaufort - Courchevel

le soleil est de retour sur le massif alpestre! Après avoir mangé la veille au soir avec Vigano (qui m'a promis un de ses maillots, on a bien sympathisé), Calzati (qui s'est callé deux Duvel grenadine en apéro) et Bichot, on met le cap avec Moncoutié et Buffaz vers Beaufort car on dormait en haut des Saissies (dans l'hôtel de FRanck Picard, l'ancien champion olympique de ski). 10 bornes de descente que je fais dans la roue de Moncoutié qui ne prend aucun risque car la route est encore humide de la nuit. 7 km ensuite bien calé derrière lui à 40 en faux plat montant. Je suais déjà en arrivant au départ Le programme du jour est assez corsé. En apéro, le col du pré (putain qu'il est dur!). J'ai monté les 6 premiers kilomètres avec les pros puis j'ai laissé partir, cela allait trop vite pour moi. Phil a par contre fait toute la journée avec eux si ce n'est la montée finale vers Courchevel.

En haut de cette bosse avec des kilomètres à plus de 9%, on arrive au barrage du cormet de Roseland. Avec le soleil, la vue est sublime. IL reste 5 bornes à négocier jusqu'en haut de Rosland mais c'est moins difficile que le col de Pré. AU sommet, on se retrouve nez à nez avec le Mont Blanc. Je ne vais pas user d'adjectifs trop forts, cela vous ruinerait le moral. En gros, c'était beau.

Ensuite descente vers la vallée pour aller chercher une côte de 10 bornes (à 8% de moyenne), qui mène à Notre Dame des Près.

Quelle ne fut pas notre surprise dans la descente du Cormet de croiser 2 honorables membres du TDL ( ils m'ont demandé de ne pas mentionner leur nom) s'entrainant en secret pour le championnat du monde du TDL qui a lieu 10 jours plus tard à La Roche.

Ils n'avaient même pas revêtu pour l'occasion une tenue noire (à la Vino) pour passer inaperçu. Combinant entrainement et solidarité teamdeluxiène, ils nous accompagneront une partie de l'étape.

Notre Dame des Prés n' est pas un col car il ne relie pas deux vallées et que les FRançais sont très pointilleux avec cela. Arrivé en haut, le gars du ravito nous annonce qu'il y a eu un éboulement durant la nuit sur le parcours et que celui-ci a été modifié. Joli cadeau: vingt bornes de plus (je m'en était déjà fait 17 plus le matin pour arriver au départ) et surtout une ascension de 7 kilomètres. Le décor est joli mais il fait très chaud je sue à très grosses gouttes et je me rends compte que j'ai oublié ma sporténine (des pastilles de magnésium contre les crampes comme j'y suis sujet). Bon... La bosse est assez irrégulière mais l'environnement me motive. ON se croierait en provence avec des roches un peu partout et une végétation faite exclusivement de pins (pas un grand carré blanc hein De Biche). Il ne manquait que les cigalles. Petit coca en haut au ravito avant la descente et je rattaque pour la montée finale vers Courchevel. Un panneau annonce 12 km mais deux cents mètres plus loin la borne pour cyclistes qui indique le pourcentage du prochain kilomètre me coupe les jambes: elle indique 17 bornes jusqu'au sommet. J'alterne position assise et en danseuse mais mes mollets se contractent sans que je le demande. Les crampes ne sont pas loin. JE fais encore deux bornes mais cette fois elles me tétanisent les jambes. Je m'arrête; m'étire, boit un demi bidon et repart à l'attque. Dju, le bilan n'est pas bien meilleur, impossible de monter à plus de 9 ou 10km/h. Recrampe, reitérements et reprise de la route. A cinq bornes du sommet, rebelotte. Une voiture de l'organisation me demande si je veux monter avec elle et je craque. Pas fier à l'arrivée: Phi m'attendait pour me filmer et me demande ce qu'il s'est passé. Il me charrie un peu mais voit que je ne suis pas trop d'humeur, fort déçu, et que je ne simule pas. Même assis, mes mollets continuent à se contracter sans arrêt. Mon super équipier me chouaille. Il s'occupe de récupérer mon vélo, va me chercher un coca et me donne une pipette de magnésium. Il ne reste plus qu'à rejoindre l'hôtel.. situé deux bornes plus haut que l'arrivée. Aie, ouille, aie, ouille

Bilan de la journée quelque peu gâché par cette finale car j'avais pris mon pied jusque là. A mon compteur 132 bornes pour 3400 de dénivelé.

A demain pour une étape complète j'espère (je n'oublierai plus ma sporténine ) LA dernière pour nous puisque Phil (qui va faire les 24h du Nurburgring samedi) et moi (mariage d'une des meilleures amies de Claire dont elle est témoin) devont rentrer samedi matin

Quentin en slip et bas de contention

4ème étape : Courchevel-La Toussuire

ma dernière journée c'est bien mieux déroulée que celle d'hier. Grosse étape au menu avec le col de la madeleine et ces 28 kilomètres depuis le pied suivi de la montée vers la Toussuire. Phil me demande de faire la descente pour rouler avec les pros dans la vallée mais un problème de compteur m'oblige à m'arrêter dix secondes. C'est trop pour espérer rentrer. Impressionnant de voir comment ils négocient leurs virages et sautent les dos d'âne à 80km/h!! Phil m'avait dit qu'il me rendrait au centuple la poussette que je lui avait offerte lors de la dernière journée du Tour de Chypre et qui lui avait permis de finir avec le premier paquet et d'ainsi conserver sa place au général. Il a tenu parole et même plus que ça. Un maillot vert m'attendait au pied de la Madeleine. Tout le temps à côté de moi pour me motiver, me conseiller, me materner, me donner le biberon... Un vrai papa poule. Les premiers kilomètres sont raides, oscillant toujours entre 8 et 10% et ce durant cinq km. Ensuite un léger replat qui fait un bien fou puis une pente plus douce avant de rattaquer de plus belle pour les 12 derniers km. De nouveau de 8 à 10% sans arrêt. Mon coach volant me booste me décomptant les kilomètres me changeant les idées en me parlant du paysage ou du hammam qui nous attend pour oublier la souffrance.

Sommet à 2000 mètres tout rond et petit photo avec Nicolas Portal qui allait repartir devant le panneau du col.

Le Powertap de Phil lui renseignait une montée à 230 watts de moyenne. Mais vu que je pèse près de 20 kilos en plus que lui, j'ai du en développer bien plus. Super descente assez technique. Mes freins grincent à mort et le ressort de mon étrier arrière est quasi mort ce qui fait qu'il s'ouvre et se ferme avec difficultés. On ne prend donc aucun risque. Petit ravito à La Chambre avant de mettre le cap par la vallée vers Saint-Jean de Maurienne. Pour remercier Phil de sa patience, et prisonnier de mon tempérament de rouleur, j'assure ma part de relais. On emmène une petite anglaise plutôt mignonne dans un fauteuil. Saint-Jean et pied de la montée vers la Toussuire qui est en fait la même que celle de la Croix de fer sur 5 bornes. Mes jambes me répondent plus trop. J'ai du mal à me mettre dans le rythme mais mon super coéquipier ne perd pas patience, me fait ma pannade, change mon lange. Cela sue à grosses gouttes. Au plus les kilomètres passent et au mieux je me sens. Mini arrêt juste pour m"étirer le dos et on repart. Je décompte les kilomètres avale gel sur gel, m'enfile un demi-bidon de grenadine mais ca le fait: on est en haut. Grosse patte dans la main avec le meilleur poisson pilote du monde. Content même si mon ryhtme dans la dernière montée était très loin d'être top. 202 watts au powertap de Phil.

En trois jours de vélo, j'aurai fait plus de cols que sur toute ma vie (trois jusqu'ici...). Super organisation, super concept, super entraînement.

Quentin, en bas de contention et dans l'attente du compex de Phil...

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