lundi 6 septembre 2010

24 H du Nurburgring

decembre 2009, je reçois un mail de Robert mon entraineur allemand me proposant de participer avec lui aux 24 H du Nurburgring ( sur le circuit de formule 1) par équipe de 4 et ce pour le … fun ( plaisir). Attiré par cette proposition, je lui confirme ma participation après son assurance que cela n'est pas contre indiqué par rapport à mon objectif de la saison (l'Oetztaler Radmarathon) qui a lieu une semaine plus tard.

Début mars, nouveau mail, il ne parle plus de le faire pour le plaisir mais pour un TOP 10. Il ne parle plus des 24 H du Nurburgring mais des «24 H de l'enfer ». J'attache un peu plus d'attention au parcours : le tour du circuit fait 25,5 km avec un dénivelé de ….. 613 M et une descente où l'on peut atteindre 100 km de vitesse max.

Au niveau des KM et du dénivelé cela s'apparente au CLM du fourneau. L'équipe est composée Robert et de son coéquipier à la Transalp ( ils se sont classés …. 11 ème) ainsi que de Rob un triathlète qui a terminé 2 x l'Iron Man d'Hawaii ( dans les 10 ers %).

Sueurs froides du côté du poulet de 6 semaines, je ne suis pas à ma place à côté de ces cadors et j'ai peur d'être le boulet de l'équipe. Re-réassurances de Robert qui me renouvelle sa confiance.

Début Aout, défection dans l'équipe du coéquipier de Robert. Il nous faut trouver un 4ème coureur. Du côté du TDL, après un rapide tour de table, aucun amateur vu que la quasi-totalité des troupes est déjà inscrite à la magnifique. Une semaine avant le départ nous trouvons le 4ème équipier, Almar un Vététiste qui habite à 30 km du circuit. Les ambitions sont revues à la baisse, Almar étant sur base de ses données de puissance, le moins fort. Je passe donc du statut de gros boulet à celui de moyen boulet.

A peine rentré de l'Alpes Open Tour le jeudi soir, j'ai juste le temps de faire ma petite lessive , de saluer ma famille pour repartir le lendemain vers l'Eifel et le circuit de l'enfer qui se trouve à environ 20 km de Gerolstein.
Arrivé sur place vers 19h30 et là, première surprise, gros bouchons, on se croirait sur l'autoroute de la mer un samedi matin. On n'avance pas d'un mètre et on restera bloqué pendant 1h30. Tout cela parce que les organisateurs ne trouvaient pas une clef pour ouvrir une barrière d'accès au circuit. Derrière nous les bouchons ne font que grandir, Robert et Rob resteront bloqués …. 3 heures.

A peine entré sur le circuit, 2ème surprise, il y a un monde fou, cela ressemble au festival de Dour…. Pour cyclistes. Chaque équipe se voit attribuer un emplacement et tout le monde est super équipé : tentes, frigos, cuisinières, certaines équipes ayant même leur cuistot ( certains emplacements ressemblent plus à une réception de la rue Aze Fosse qu'à un camping). Incroyable. L'organisation propose plusieurs courses, dont des courses à pied et des courses vélos sur des distances plus courtes et ce en parallèle aux 24 heures ( que l'on peut courir seul, à 2, 4 ou huit), idem au niveau du VTT : 24 heures par équipe avec une partie commune ( le petit circuit de formule 1) 6.000 participants pour les différentes épreuves cyclistes et 4.500 pour les différentes course à pied.

23 H arrivée des 2 Roberts, il nous faut 1h30 pour monter toutes les tentes et se manger une petite pizza. Il est 2h du mat quand nous nous écroulons dans nos tentes respectives.
Réveil à 7 h, petit dej, préparation des vélos, briefing, Robert, en bon coach, a préparé la chose, pour lui la meilleure tactique est de se relayer tous les tours et que chacun fasse 2 tours consécutifs pendant la nuit afin que les autres puissent (un peu) se reposer. On ne peut reconnaitre le circuit donc on se lancera dans l'inconnu.

Départ officiel à 13 h, Robert part le premier pour l'équipe mais il est loin sur la ligne de départ, dans la deuxième moitié. Après un tour, il cède le relais à Rob et ce environ en 20ème position. Impressionnant. Pas le choix, il va falloir se donner à fond. 48 minutes plus tard, Rob me cède le relais. Pour ce faire nous avons placé la puce dans une gourde plutôt qu'autour de notre cheville, les transmissions n'en seront que plus rapides

. Et me voilà parti dans l'inconnu pour rouler à fond pour la première fois sur un circuit automobile et ce sans repères. Le champion de Karting de Rosières m'avait prévenu, le circuit est très exigeant, d'abord une longue descente en palier pour terminer par un tout droit où certains coureurs atteignent les 100 de vitesse max pour ensuite s'enfiler une montée qui n'en finit pas quasi jusqu'à l'arrivée , montée entrecoupée de quelques courtes descentes et d'un mur à 17%. Certains participants marchent déjà dans ce mur et nous n'en sommes qu'au deuxième tour. Cela promet. La route est très large et à part quelques tournants en épingles, le circuit n'est pas dangereux Vu l'excellent premier tour de Robert et de Rob, je me retrouve seul, pas de roues à prendre pour souffler. Je termine mon premier tour et premier relais en 46 minutes, mon meilleur temps de ces 24 heures et le deuxième meilleur temps de l'équipe.

Commence un rituel que je répéterai 7 fois : dès le passage de témoin, retour à la tente pour signer notre feuille de route et indiquer mon temps d'arrivée (pour que le suivant puisse être prêt à temps),

je me lave,fait sécher mon équipement, compex récup active, demi bouteille de cranberry avec les protéines du coach de st hub et du malto et une demi bouteillenon pas de whisky mais de vichy. Dès le compex terminé, j'enfile mon pantalon et maillot de compression et essaye de me reposer un peu.

Les relais nous reviennent à la vitesse v v prime soit toutes les 2h15-2h30. Le temps d'arriver au stand, de faire sa récup, il ne reste que très peu de temps avant de se re-préparer, d'effectuer ses 15 minutes d'échauffement sur rouleaux

et d'arriver au point de transmission du relais 10 minutes avant le temps de passage Le circuit se compose de 2 anneaux, le petit anneau (le principal) et le grand qui fait une boucle dans la forêt.

Nous effectuons les 2 anneaux à chaque tour et dès notre retour sur le petit anneau, celui est bordé tout le long de tentes des différentes équipes ce qui crée un ambiance assez spéciale et très conviviale.

Malheureusement, notre emplacement se trouve sur un parking à 40 mètres de circuit donc nous ne verrons pendant 24 heures que nos voisins (hollandais) et le point de passage des relais.

Comme dans les intervalles, le deuxième relais est le plus difficile, après on commence à s'habituer à la douleur et déjà le premier relais de nuit s'annonce. A peine le temps d'avaler un petit spaga préparé par rob.

J'avais fait appel à notre champion de raid extrême Sir Alex pour mon équipement de nuit. Me voilà donc équipé avec sa lampe spéciale détectrice de biches Comme c'est la première fois que je roule la nuit, je décide d'ajouter une deuxième lampe à mon cintre Je prends le relais de 21h30 et cela m'aide à m'habituer à l'obscurité car il ne fait pas encore complètement noir quand je démarre. Cette première expérience est je dois dire très spéciale, le grand circuit n'étant pas éclairé, je n'ai comme seul point de repère que les lumières rouges arrières des concurrents. Le plus spectaculaire étant les descentes raides mais ma zic m'aide à surmonter mes appréhensions. Pas de chance je serai le seul de l'équipe à me taper 3 tours la nuit.

Après ce premier tour dans l'obscurité, Robert prend le relais pour effectuer 2 tours. Cela me permet de souffler et d'essayer de dormir. J'arrive à dormir tout au plus une heure et me réveille un peu groggy pour repartir à 2h30 du mat pour mes 2 tours avec cette fois la zic à fond dans les oreilles pour me tenir éveillé.

J'effectue le premier tour en 54 minutes et le second en 55 et malheureusement je n'ai pas rencontré de biches ( contrairement à sir Alex) mais j'ai eu un petit accro avec un concurrent qui restait inlassablement collé à ma roue et qui refusait de passer malgré mes gestes dans l'obscurité. Avec ma musique dans les oreilles je ne sais pas s'il m'a parlé. Las de le tirer, je m'écarte sur l'autre côté de la route et là il démarre en me vociférant : ich bine ein einzel fahrer ). Je le rattrape à la grimpée suivante et rebelote il se recolle à ma roue. Ayant enfin compris qu'il courrait les 24 heures seul je le laisse bien volontiers profiter de ma roue. Respect à ce concurrent Contrairement à Sir Alex, je n'ai pas vu de caravanes au milieu de la route ni eu d'hallucinations pendant mes relais de nuits, faute peut être à n'avoir pas mis d'orval dans mon bidon comme lui ????? Vraiment impressionnant de rouler quand on n'a aucun repaire visuel devant nous ou aucun feu rouge arrière pour guider notre trajectoire. Malgré cela, en pensant à ceux qui participaient aux 24 H VTT je me disais que l'on n'avait pas à se plaindre.

J'ai mieux dormi après ce long relais , une heure à une heure et demie de sommeil profond et rebelote pour encore 2 relais. Pour l'avant dernier relais, j'en profite que mes coéquipiers dorment encore pour revêtir le maillot national de la province du Luxembourg J .

Au total, nous aurons effectué 28 tours, nous manquons d'effectuer un 29 ème tour pour une dizaine de minutes., 714 km et 17.164 M de dénivelé, soit 178 km et 4.291 M de dénivelé chacun à un moyenne juste au dessus de 30km/H . Nous terminons 31 ème au général ( sur 660 équipes de 4) et 11 ème dans notre catégorie. Incroyable, le premier des 24 H en solitaire a parcouru…. 26 tours soit 663 km et 15.938 M de dénivelé. Sir Alex aurait il de la famille en Allemagne ???

En résumé une très chouette première expérience d'un 24 heures et à refaire ( l'année prochaine ?) avec une ( ou deux ?) équipe TDL.

Pour les férus de statistiques , une analyse très détaillée et très intéressante des données SRM (2) et Powertap (lpd6s) de notre équipe, démontrant que ce n'est pas celui qui développe le plus de puissance (watts) qui va le plus vite
Ici les 24 H de l'enfer, à vous les 24 H du Mans.

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