« Ca te botterait une semaine de vélo à Chypre ? » Les chefs ont parfois des questions qui peuvent paraître bien étranges… Une invitation pour un voyage de presse qui arrive un peu par hasard sur mon bureau et voilà comment je me retrouve sur la liste des engagés du Tour of Cyprus 2010, une épreuve au concept et au règlement quelque peu opaque. En gros, tout le monde semble le bienvenu et… on verra bien après. C’est au détour d’un Orval tempéré englouti au retour du 200 moules frites qu’une longue conversation s’engage avec Phil. Peu d’arguments sont finalement nécessaires pour convaincre le poulet de 6 semaines de venir faire rôtir ses mollets de coqs sous le soleil de l’île la plus chaude d’Europe.
La grande aventure et l’exotisme débutent dès… Zaventem. Excité comme un jeune loup, je déguène sans doute trop vite ma carte d’identité au check in. La charmante hôtesse croit sans doute à un holdup mais le butin n’est pas celui que j’attendais : « Désolé monsieur mais vous n’êtes pas sur la liste des passagers, nous ne pouvons rien faire pour vous. » Je laisse donc partir mon leader seul vers Larnaka. Tout juste le temps de lui glisser son petit jus, son mars et son bidon de malto dans sa mallette qu’il faut déjà mettre sur pied le plan B. C’est finalement depuis Amsterdam que je rejoindrai l’île de la méditerranée le lendemain.
Arrivé sur place, je constate que lpd6s n’a pas perdu de temps : il a déjà réquisitionné une cyclocrosswoman pro américaine (mais installée en Belgique) et son compagnon sous la bannière du Team Belgium. Au départ de la première étape, les regards des deux membres du Team de Lux en disent long sur l’inquiétude qui les habite. Les mollets des autres concurrents sont tout bronzés, tout musclés et sacrément affûtés. C’est que la neige, le froid et les longues séances de rouleau dans le garage, les Maltais, les Libanais, les Israéliens et les Grecs ne connaissent pas vraiment. Comme dirait Gus : « Ca va chier dans le ventilo les gars ! » C’est qu’au menu du jour, c’est entrée, plat et dessert d’une seule traite : 115 bornes pour 2642m de dénivelé. Dur dur. Le soleil et la magie d’un décor semblable à la garigue marseillaise en plein mois de juin nous font toutefois oublier la douleur. Dans un peloton très international, la convivialité est le maître mot. On parle matériel avec un Maltais avant d’évoquer le Tour des Flandres avec un Anglais. La phrase est sans doute bateau mais c’est beau de voir comment une même passion peut réunir des gens de toutes les cultures. L’organisation est au poil. Chaque jour nous sommes escortés par une voiture et deux motos de la police ainsi qu’une horde de Harley. Les parcours sont à couper le souffle. On passe du massif du Trodos et ses sommets à plus 1.500m au bord de mer et à une méditerranée d’un merveilleux bleu azur. Sportivement, Phil fait excellente figure bataillant avec des coursiers Maltais (l’équipe nationale était présente) et Israéliens et partage des relais avec le champion du Liban de contre-la-montre. Le dernier jour, sur l’étape la plus facile au programme on s’arrache pour accrocher le peloton de tête et partageons un vrai moment d’équipe en rentrant à deux sur la tête après un saut de chaîne de Phil.
C’est difficile de résumer en peu de mots une semaine aussi riche en émotions, images et rencontres. Pour ceux qui veulent découvrir cette aventure dans de plus amples détails, rendez-vous sur http://teamdeluxtransalp.skynetblogs.be/ ou dans le Cyclo Passion du mois de mai (il faut bien vendre sa soupe…) où une superbe interview du poulet de 6 semaines vous attend.
Ici Larnaka, à vous Arville
Quentin
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