lundi 17 juin 2013

Compte rendu BRM 400 chez les Bataves par Miguel


Dans le cadre de mon entrainement pour Londres Edimbourg Londres, j'ai participé au BRM 400 organisé par Maastricht. Comme la fin passait par le Condroz, je m'étais arrangé avec Ivo, l'organisateur, pour prendre le parcours en route.

Les inscriptions à Maastricht auront lieu de 20 h à 21 h, je compte y arriver assez tôt pour manger un peu et m'équiper pour la nuit avant le départ groupé. C'est l'occasion de tester le matériel en vue de LEL : 2 nouvelles lampes avant et une arrière alimentées par les courants de Foucault (donc aucun frottement et autonomie assurée), batterie externe solaire rechargeable pour le gps et sac à dos avec vêtements chauds et nourriture pour 400 km. Ma femme est étonnée du poids mais je la rassure : à LEL il y aura de quoi manger aux contrôles et nous pouvons faire déposer 2 sacs sur le trajet.

Je démarre à vélo de la maison samedi à 16 h 15 (19°) direction Durbuy et la vallée de l'Ourthe mais à Chênée, j'ai quelques problèmes pour trouver le parcours : travaux, ravel (avec indications très succinctes), pistes cyclables, sens interdits exceptés cyclistes, tout ce que je déteste. Je m'arrête quelques fois demander mon chemin, fais plusieurs demi-tours avant de retomber sur des routes dignes de ce nom à Fléron. Le compteur indique alors une dizaine de km de plus que prévu, et je commence à craindre de ne pouvoir joindre le départ à temps, sans savoir si le chemin à Maastricht n'est pas aussi compliqué que pour éviter Liège. Les kilomètres défilent à bon train (malgré les petites routes en béton et chemin de halage) mais toujours pas de frontière, et les panneaux sont toujours en français. Enfin cela change : apparition du néerlandais, frontière et entrée simultanée dans Maastricht, le lieu de départ est tout proche, il suffit d'aller tout droit. Je descends du vélo, il est 20 h 30, 115 km à du 27,5 de moyenne, j'aurai le temps de manger, remplir un bidon, m'habiller pour la nuit et mettre les lampes, mais j'ai eu chaud. Je me présente à la table d'inscription et Ivo est content de voir que je suis là à temps. Il me demande mes impressions sur la fin du parcours, explique à quelques cyclistes proches que je viens de chez moi à vélo et je sors équiper la monture dans une drôle d'ambiance.



Nous sommes une grosse vingtaine, il y a 3 vélos couchés dont un sans pédales, style rameur. Un ou deux sacs à dos, sacoches (parfois petites) pour les autres.  Brèves recommandations d'Ivo avant le départ, en néerlandais et allemand, car pas de francophone, et à 21 h tapantes le groupe s'élance.  Je me mets en dernière position pour suivre les "indigènes" sans avoir les yeux rivés sur le gps.  Pas toujours simple, d'autant que les automobilistes ne supportent pas que l'on roule sur la chaussée, il faut prendre les pistes cyclables, même si elles ne sont pas terribles ou ne durent que 100 m !!!  A la sortie de la ville, il y a déjà 2 groupes, petite chasse pour revenir en tête et la drôle d'ambiance est confirmée : personne ne m'adresse la parole mais surtout personne n'attend personne : que ce soit pour un bidon ou une lampe tombée à terre, un feu qui passe au rouge et qui casse le groupe, un problème technique, ....j'ai déjà roulé avec des flamands, mais ici c'est pire.  Je regrette l'ambiance BRM wallonne, et en particulier les qualificatifs organisés par le TDL en 2011, je profite néanmoins de leurs connaissances géographiques pour traverser le Limbourg et ses saloperies de pistes cyclables pas vraiment balisées mais tant appréciées par les nordistes,  direction  Huy où nous longeons la Meuse côté Hesbaye. Enfin des routes, je me sens plus à l'aise.  Résultat de cette mentalité individualiste : nous ne sommes plus que 7 à pointer à Namur à minuit vingt, 2 sont déjà là et remplissent leurs bidons. Je suis donc à la moitié de mon périple, la moyenne est tombée à 26,2  j'achète une bouteille d'eau pour remplir mes bidons car je ne sais pas où nous pourrons encore trouver un commerce ouvert.  4 cyclistes repartent un à un avant que je ne me décide moi aussi car manifestement il n'y aura pas de groupe.  Je suis de loin les lampes rouges et à Jambes celui qui me précède se trompe au passage à niveau, il est trop loin pour m'entendre.  A Dave, comme je reviens sur un autre il se trompe également, je crie, il fait demi-tour mais ne me rejoint pas.  Je continue donc seul : il "suffit" de suivre la Meuse, parfois sur piste cyclable ou chemin de halage, jusqu'à Charleville.  La nuit est douce, Dinant est déserte mais magnifique, je me fais dépasser avant Hastière mais redépasse le gars arrêté à Revin.  Les routes sont désertes, l'ambiance nocturne est plus proche du Raid Vosgien que de Paris-Brest-Paris et j'arrive déjà à Charleville.


Il est 5 h 30, j'ai envie de déjeuner et manger autre chose que la nourriture cycliste. D'habitude pour un 400 les organisateurs prévoient un endroit pour déjeuner, avec café, croissants, au risque que les cyclistes arrivent trop tôt (comme lors de Neufchateau - Neufchateau). Ici rien, il faut honorer la réputation des Hollandais. Ivo avait écrit "bakker" sur le roadbook à Revin, Monthermé et Charleville, il est trop tôt, tout est encore fermé, même si les boulangeries sentent bon, c'est un vrail calvaire. J'avais dit à Laurence que je serais rentré sans problème pour 16 h, je me dis que ce sera possible pour le dîner.


Le jour se lève, la frontière approche, j'ai vraiment froid, surtout aux mains. Je m'arrête à Pussemange soulager le premier besoin naturel depuis mon départ (ais-je bu assez?), le compteur indique 1,7 °! Je retombe sur un tronçon de la José Cambrai, mais l'allure n'est pas la même. La batterie externe est déchargée, j'utilise donc la batterie interne du gps, je déplierai le chargeur solaire sur le sac à dos au prochain arrêt. Vresse, enfin un hôtel semble ouvert. J'entre, demande si je peux avoir un café et n'importe quoi à manger. Je me réchauffe, un client descend déjeuner, la patronne le remballe poliment en disant que le déjeuner n'est servi qu'à 8 h. Je regarde ma montre : 7 h 20, je me fais tout petit dans mon coin avant de repartir, toujours sur le parcours de la JC jusqu'à ce que je tombe sur un panneau 'route barrée', dans la remontée sur Petit Fays. Tant pis, je passerai à pied s'il le faut. La route est mauvaise, avec des tronçons en cailloux, cela me fournit une raison officielle pour monter moins vite qu'en mars dernier. Je n'ai plus froid, il fait magnifique, je traverse Daverdisse, Belvaux, avant de m'arrêter à la sortie de Rochefort pour retirer les habits de nuit.

Cap sur Humain où je quitte le tracé officiel pour remonter dans le Condroz par Buissonville sous un soleil éclatant, arrivée à Scoville à 11 h 15, à temps pour l'apéro. 418 km au

compteur, 3000 m de D+, 24,1 de moyenne, pas terrible mais un bon 300 km en solo. J'envoie un sms à Ivo pour signaler que je suis bien arrivé, il me resonne pour me demander mes impressions et confirme qu'en général c'est "chacun pour soi". Envie irrésistible de manger et boire tout l'après-midi, clairement je ne me suis pas assez alimenté, je me demande comment les autres ont fait. Côté matériel, pas de surprise tout fonctionne très bien.